Problème #2 – Dette publique


Les crypto-monnaies peuvent nous aider à circonscrire le problème de la dette publique, en revisitant le fonctionnement des monnaies-dettes et en interrogeant l’utilité des institutions à qui nous devons ces milliers de milliards d’euros.


Pour bien nous accorder sur la signification des mots « capitalisme » et « monnaies-dettes »,
nous vous avons concocté ce quiz économique.


I – D’où vient l’argent ?

Les euros n’apparaissent pas sur un compte comme par magie : quelqu’un quelque part doit les créer. Avec les monnaies-dettes, nos euros sont en fait injectés dans l’économie suite à la monétisation d’un actif financier, généralement une reconnaissance de dette. À l’instar de la monnaie-or créée contre un dépôt d’or, les monnaie-dettes sont créées contre une promesse de remboursement.

Impression-écran de l'horloge de la dette publique (carte du monde) du site The Economist ; plus un pays est rouge, plus il est endetté.
Pourquoi les pays les plus riches sont également les plus endettés ? Parce que pour que des dollars, euros, yens ou autres soient injectées dans l’économie d’un pays, il faut au préalable qu’un État, une entreprise ou un ménage s’endette auprès du système bancaire et financier. Aucune institution ne crée de l’argent en claquant des doigts.
Source : The Economist

Les euros ne tombent pas du ciel. Pour qu’il y ait de l’argent dans le pays, il a fallu au préalable que l’État, les entreprises, les ménages en empruntent au système bancaire et financier, le seul habilité à créer nos euros (c’est devenu l’un de ses métiers). Nous pouvons donc difficilement vouloir qu’il y ait toujours plus d’argent dans le pays et en même temps vouloir qu’il y ait moins de dettes.


II – Dette publique, danger ou épouvantail ?

Lorsque nous nous endettons, nous recevons de l’argent. Sauf qu’avec la monétisation de dettes, un État, une entreprise ou un ménage n’empruntent pas de l’argent qui existait déjà, mais emprunte de l’argent qui vient d’être créé par le système bancaire et financier. Chaque fois qu’un bon du Trésor (État) ou qu’un contrat de crédit (entreprises et ménages) est monétisé, il y a « création monétaire par le crédit ».

Si notre endettement doit nous inquiéter, le danger ne vient pas du fait d’être endetté
mais de ceux auprès de qui nous nous endettons.
Sources de la vidéo
« Le Piège de la Dette – Spéciale Monde Diplomatique & Manière de Voir » (KaLee Vision, 2020), YouTube.
– Vidéo elle-même basée sur un article issu du Monde Diplomatique (Manière de voir #173), octobre-novembre 2020, « Faut-il payer la dette ? »
« DETTE : LA VÉRITÉ QUE MACRON VEUT VOUS CACHER » (Osons Causer, 2021), YouTube.
« La faillite de Lehman Brothers (2/2) – Wall Street Stories #3 – Heu?reka » (Heu?reka, 2017), YouTube.

La dette publique sert souvent à justifier des politiques néolibérales (p.e. restrictions budgétaires, privatisations). Pourtant, plus l’État est endetté, plus il y a d’argent dans le pays. La dette est autant une ressource financière qu’un fardeau. C’est pourquoi l’école néochartaliste constate un lien entre remboursement de la dette et crise économique, car un pays désendetté est un pays appauvri.


III – Que penser de cet abus de position dominante ? (bis)

Depuis le néolibéralisme et la fin du financement direct, l’État n’emprunte plus directement à sa banque centrale, mais doit dorénavant passer par un intermédiaire financier. Ce financement indirect – emprunter aux marchés financiers plutôt que de s’endetter à taux nul auprès de la banque centrale – devait freiner l’endettement de l’État, car un endettement non maîtrisé était censé faire fuir les prêteurs.

Avec la fin du financement direct,
les marchés financiers peuvent désormais dicter aux États leurs politiques économiques.
Sources de la vidéo
« La Dette, une spirale infernale ? », un film-documentaire de Laure Delesalle (YUZU Productions, 2013) [ISAN 0000-0003-6CE8-0000-4-0000-0000-P].

« La Vérité Inédite Sur l’ARGENT ! D’où Vient L’argent ? » (Un Peu Mieux, 2022), YouTube.
+ « Hollande : « L’égalité, ce n’est pas l’assistanat, c’est la solidarité » » (Public Sénat, 2012), YouTube.

En définitive, les créateurs de l’argent fournissent peu d’efforts. Leur travail se résume à étudier un dossier, tandis que l’endetté devra travailler des années durant pour rembourser son emprunt. Bien sûr, si des difficultés surviennent, l’établissement financier saisira les biens du ménage, de l’entreprise ou de l’État faisant défaut. Voilà pourquoi certains économistes parlent parfois d’esclavage moderne.


IV – Un vent de révolte ?

Cet outil social qu’est la monnaie n’appartient plus à l’humanité, puisque nous la “louons” dorénavant au système bancaire et financier. Or, nous sommes encore trop nombreux à croire que ce sont nos États et leur banque centrale qui créent l’argent. Mais pourquoi laisse-t-on la sphère financière fabriquer la monnaie du pays à notre place, alors que des méthodes moins coûteuses existent dorénavant ?

C’est – entre autres – cette question fondamentale que le mouvement crypto-anarchiste a porté dans le débat public, au travers de son manifeste (datant de 1988). En effet, les crypto-monnaies ont dès l’origine été pensées comme un outil permettant d’émanciper l’humanité de la nécessité d’emprunter la monnaie à ceux qui l’ont privatisée, ou dit autrement, de déprivatiser le pouvoir monétaire.

Manifeste complet ici.

Hélas, de même que l’on entend toujours parler des avions qui s’écrasent (bien que très peu nombreux en comparaison de tous ceux qui atterrissent sans encombre), nos médias ont tendance à insister sur les dérives associées aux crypto-monnaies, plutôt que sur leur raison d’être. Peut-être font-elles peur, car elles sont en mesure de bouleverser l’ordre établi, de rebattre les cartes du capitalisme financier ?

Vous voici rendu(e) au terme de ce module #2, qui présente les crypto-monnaies comme un rouage essentiel d’une révolution économique, qui pourrait marquer un véritable tournant vis-à-vis de la dépendance du pouvoir politique envers ceux qui financent notre dette publique. Une autre économie est possible.


Nous sommes des millions à réaliser que notre système économique dysfonctionne (p.e. chômage de masse, destruction de l’environnement, inégalités sociales ahurissantes, etc.). Or, continuer à utiliser l’euro, c’est perpétuer ce système.

Découvrez maintenant comment les crypto-monnaies peuvent nous permettre de nous émanciper des traités européens néolibéraux.
SE DÉSOLIDARISER DE L’EURO



OBJECTION : La dette publique n'est pas un problème, il suffit de ne pas la rembourser ! ... ↓

Tout programme politique a besoin de moyens financiers pour sa mise en œuvre. C’est pourquoi – le cas Liz Truss l’a démontré – il est aujourd’hui indispensable pour nos dirigeants de séduire les marchés financiers et ce, depuis qu’il est devenu obligatoire de financer notre dette en passant par ces derniers.

Bien qu’il serait plus souhaitable que ce soit le pouvoir politique qui dompte le pouvoir économique,
c’est dorénavant le pouvoir économique qui dompte le pouvoir politique.

D’une part, nos dirigeants ne peuvent pas se passer du concours des marchés financiers. D’autre part, contrarier les marchés financiers risque de mettre immédiatement le pays en difficulté (économique). Les intérêts des milieux d’affaires étrangers priment alors logiquement sur les intérêts de la population.

La dette publique pose donc un vrai problème démocratique, pas tant du fait que le pays soit endetté (la dette est une ressource financière), mais du fait de la dépendance / subordination de nos institutions politiques envers leurs créanciers, tels que les fonds d’investissements notamment.

Sources de la vidéo :
« Jean-Pierre Raffarin, sénateur UMP de la Vienne et ancien P – RTL – RTL » (RTL, 2011), YouTube.
« La dette française : un secret d’Etat » (France Inter, 2016), YouTube.
« Crise : la fin de l’#inflation en Europe ? » (Grand Angle, 2022), YouTube.
« Crise financière: la descente aux enfers? Gaël Giraud, Raphaël Rossello & Gilles Raveaud [EN DIRECT] » (Thinkerview, 2022), YouTube.
« L’encerclement – La démocratie dans les rets du néolibéralisme », Richard Brouillette, 2008, Vimeo.